Quand le Congrès américain se mêle de politique internationale, la côte d'amour d'Obama en Turquie plonge

Publié le par lillydream

Souvenez vous...Il y a à peu près un an,  Barack Obama était accueilli en Turquie avec enthousiasme. Les T-shirts à son effigie se multipliaient et les Turcs n'hésitaient pas à afficher leurs convictions pro-américaines. De fait, Barack Obama faisait certes un grand honneur à la Turquie mais il consacrait surtout par là-même l'importance de ce pays, envoyant un signal à peine voilé aux Européens.



Mais, la love-story risque de tourner court, non pas à cause d'Obama, qui lui avait renoncé à l'expression "génocide arménien" mais à cause des élus du Congrès américain, qui rappellent à tous, qu'ils ne forment pas qu'une chambre d'enregistrement. Les relations se tendent en effet entre Ankara et Washington. La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a approuvé une résolution sur la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie en 1915. En signe de protestation, Ankara a immédiatement rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis «pour consultations».
«Nous condamnons cette résolution qui accuse la nation turque d'un crime qu'elle n'a pas commis», a déclaré le gouvernement turc. Elle n'a «aucune valeur aux yeux du peuple turc», a ajouté le président turc Abdullah Gul, qui menace de «conséquences négatives dans tous les domaines». Selon Ankara, ce vote montre «un manque de vision stratégique» parmi les élus américains, alors que les deux pays «travaillent ensemble sur un large éventail de questions». La Turquie, alliée de longue date de l'OTAN, joue un rôle important dans les intérêts américains au Moyen-Orient et en Afghanistan ainsi que dans la médiation face à Téhéran dans le dossier du nucléaire iranien.
Hillary Clinton avait pourtant mis en garde les membres de la commission contre l'adoption d'une telle position en téléphonant à Howard Berman, président de la commission des Affaires étrangères, pour lui expliquer que le vote "risquait de mettre à mal le processus de normalisation des relations" entre la Turquie et l'Arménie.
Mais voilà, ça n'a pas empêché le texte d'être voté par 23 voix contre 22. «Les Turcs disent que voter la résolution pourrait avoir des conséquences terribles pour nos relations bilatérales, et peut-être y aura-t-il en effet des conséquences», a déclaré le président de la Commission, Howard Berman. «Mais je crois que la Turquie tient à ses relations avec les Etats-Unis au moins autant que nous tenons à nos relations avec la Turquie.»

 

Mais la Turquie ne saurait tenir compte de cette lutte d'influence entre la présidence et le Congrès. Compte tenu de sa fermenté sur la question, elle n'avait d'autre choix que de rappeler son ambassadeur. Alors que les massacres commis entre 1915 et 1917 par l'empire ottoman sont qualifiés de «génocide» par la France, le Canada ou encore le Parlement européen, l'importante diaspora américaine aux Etats-Unis fait pression depuis des années en ce sens. Selon les Arméniens, plus d'un million et demi d'entre eux ont été tués dans ce génocide. La Turquie reconnaît qu'entre 300.000 et 500.000 personnes ont péri mais, selon elle, dans le chaos des dernières années de l'Empire ottoman, et non pas victimes d'une campagne d'extermination. Elle récuse donc la notion de «génocide»....refusant de se voir mise sur le même plan que les Nazis.

Le texte voté jeudi appelle le président américain à «qualifier de façon précise de génocide l'extermination systématique et délibérée de 1.500.000 Arméniens». Pour avoir force de loi, il doit désormais faire l'objet d'un vote devant la Chambre des représentants en séance plénière. En 2007, une résolution similaire avait déjà été approuvée mais à l'époque, le président George W. Bush avait empêché que le texte soit soumis à l'ensemble des élus du Congrès.

Publié dans türkiye

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